Il y a beaucoup d’enfants dont tout le monde s’accorde à reconnaître l’intelligence, prouvée si nécessaire par les tests de niveau, et dont cependant le travail et la réussite scolaires sont mauvais. Ce fait doit toujours constituer un signe d’appel pour les parents et non un argument pour penser que leur enfant est paresseux et pétri de mauvaise volonté. Les bulletins scolaires sont souvent remplis de ces appréciations sans grande signification : « pourrait mieux faire », « mauvaise volonté », « manque totalement d’application au travail », « ne fait aucun effort ».

De tels arguments ont le tort considérable de confirmer les parents dans l’idée que le mauvais travail scolaire dépend d’une mauvaise volonté délibérée de l’enfant, alors qu’il s’agit souvent d’une « incapacité à faire des efforts », « d’une incapacité à être appliqué », « d’une incapacité à fixer son attention », pour des raisons à déterminer. Certes, ce n’est pas au maître à détecter les raisons des difficultés, et lui-même n’en perçoit que les conséquences dans le travail scolaire ; pour cela on a pu dire que l’école était révélatrice de troubles profonds ; mais si l’on perd de vue, justement, que les difficultés scolaires sont une conséquence, que l’enfant doit être aidé avant d’être critique, alors il perdra la confiance en lui, ne trouvera pas en lui seul les moyens de surmonter ses difficultés et s’enfoncera de plus en plus dans la situation du mauvais élève.

Il y a au moins deux raisons, d’inégale importance il est vrai, pour lesquelles des enfants très intelligents peuvent échouer scolairement. Quelques-uns d’entre eux ne s’adaptent pas à un enseignement très traditionnel qui fait peu appel à la créativité et aux qualités d’imagination. Mais la plupart ont des difficultés affectives ne leur laissant pas une liberté d’esprit suffisante pour une application normale au travail et leur interdisant, à un moment de leur évolution, l’efficacité intellectuelle nécessaire.

Cela ne signifie pas du tout qu’ils échoueront dans la vie active, et beaucoup d’hommes ou de femmes ayant parfaitement réussi leur vie et leur métier se flattent de leurs démêlés scolaires, car la vie fait appel à bien des qualités indispensables de caractère et de courage que l’école traditionnelle ne développe pas.

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